2022-02-18

De nombreux observateurs attribuent la correction récente des marchés boursiers à la hausse des taux d’intérêt survenue au cours des dernières semaines. En effet, le taux offert par une obligation 10 ans du gouvernement américain est maintenant de 2,04 % par rapport à un peu plus de 1,60 % en début d’année.

Si j’examine l’indice américain Nasdaq, en grande partie constitué de titres de sociétés technologiques, il a atteint son sommet le 22 novembre dernier et touché un bas récent le 28 janvier dernier, provoquant ainsi une correction de plus de 18 %. Pendant la même période, le taux d’intérêt 10 ans du gouvernement américain est passé de 1,48 % à 1,93 %. Ces chiffres semblent corroborer la relation négative entre les taux d’intérêt et les cours boursiers.

C’est probablement pourquoi de nombreux observateurs craignent qu’une continuation de la hausse des taux d’intérêt dans les prochains mois entraînera une correction des marchés boursiers.

Or, je lisais récemment un article intéressant publié par Zacks Investment Research qui permet de remettre en question une relation cause à effet directe entre les taux d’intérêt et les marchés boursiers, du moins à moyen terme.

Ainsi, depuis les années 1950, il y a eu aux États-Unis 12 périodes pendant lesquelles la Réserve fédérale américaine a haussé son taux directeur de manière soutenue.

Quels ont été les rendements enregistrés par le marché boursier durant ces périodes de taux haussiers?

Au cours des 12 périodes recensées, l’indice S&P 500 n’affiche que deux périodes de rendements négatifs : – 2 % entre mars et septembre 1971 (alors que le taux directeur a augmenté de 1,8 %) et – 26 % entre février 1972 et juillet 1974 (hausse du taux directeur de 9,6 %).

Pendant les dix autres périodes, le S&P 500 a enregistré des rendements positifs, en moyenne de 21,4 %.

J’en conclus que des hausses des taux d’intérêt ne sont pas obligatoirement défavorables aux marchés boursiers, bien qu’elles puissent accroître leur volatilité à court terme.

En effet, il faut se rappeler que des hausses d’intérêt ne sont pas totalement négatives pour l’investisseur car elles surviennent la plupart du temps lorsque l’économie tourne à plein régime. Il me semble d’ailleurs que ce soit le cas présentement alors que la robustesse de l’économie après la pandémie mène à une inflation élevée que les autorités réglementaires tentent de mater.

La forte baisse des marchés boursiers survenue pendant les années 1970 et que je cite plus haut s’est produite au cours d’une période économique différente, me semble-t-il, de celle que nous traversons présentement. À l’époque, les cours du pétrole avaient explosé à la hausse en raison de l’embargo des États-Unis par l’OPEP (Organisation de pays producteurs de pétrole) et alors que l’économie américaine chancelait déjà. Les économistes parlaient alors d’une période de « stagflation ».

Je ne fais aucune prévision à court terme des marchés boursiers. Il me semble toutefois que de nombreux observateurs ne se concentrent que sur l’aspect négatif d’une hausse des taux d’intérêt sur les marchés boursiers et oublient que c’est une économie en expansion qui mène à cette hausse des taux. Selon moi, rien n’indique que nous traversions une période similaire à celle des années 1970.