2022-05-20

Je termine la lecture «The Great Crash 1929», par John K. Galbraith, un compte rendu détaillé du fameux crash boursier de 1929. Publié pour la première fois en 1954, ce classique est régulièrement revenu à la mode au cours des décennies subséquentes, des réimpressions ayant été effectuées en 1955, 1961, 1972, 1979, 1988, 1997 et 2009, périodes coïncidant à peu près aux périodes creuses des marchés boursiers. Je me demande s’il y aura une édition 2022 ou 2023?

Je tire plusieurs constats de cette lecture. En premier lieu, la fin des années 1920 était une période d’optimisme débridé et la spéculation était omniprésente. Les spéculateurs achetaient sur marge et nombre d’entre eux spéculaient sur le marché des options sur titres. Le sentiment général était que les perspectives économiques étaient très favorables et que les marchés boursiers ne pouvaient que continuer de s’apprécier.

En lisant ce livre, j’ai ressenti un fort sentiment de «déjà vu» qui m’a ramené à la bulle technologique de la fin des années 1990 et, dans une certaine mesure, aux deux années de pandémie que nous venons de traverser.

Conformément à la méthode de Charlie Munger, associé de longue date de Warren Buffett, d’aborder des situations de manière inversée («Invert, always invert!»), le livre «The Great Crash 1929» m’a amené à cette conclusion:

Si un investisseur/spéculateur voulait tout perdre en Bourse (comme ce fut le cas pour un grand nombre d’entre eux en 1929 et en 2000), voici ce qu’il devrait faire 

  • Viser à faire le plus d’argent le plus rapidement possible;
  • Utiliser l’effet de levier au maximum, en particulier par l’utilisation de la marge;
  • Favoriser les options sur titres qui, grâce à leur levier sous-jacent, permettent de magnifier les gains rapides;
  • Privilégier les titres de sociétés les plus populaires ou les plus susceptibles de faire rêver les spéculateurs. Ces titres sont typiquement les plus volatils sur les marchés, magnifiant la chance de réaliser des gains substantiels et rapides;
  • Tout faire pour mettre la main sur les titres de sociétés faisant le saut en Bourse (Premiers appels publics à l’épargne ou PAPE);
  • Négocier vite et le plus souvent possible, ce que les plateformes de courtage électroniques «sans frais» facilitent grandement.

C’est précisément ce que de nombreux spéculateurs ont fait au cours des années qui ont précédé le crash de 1929. C’est aussi à mon avis ce qu’on a observé à la fin des années 1990 et plus récemment depuis 2020. C’est d’ailleurs ce qu’ont dit Charlie Munger et Warren Buffet lors de la récente assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, comparant le marché boursier des dernières années à un «salon de jeu».

Selon Munger, la clé du succès en Bourse et dans la plupart des sphères de la vie est d’«éviter la stupidité». La lecture de «The Great Crash 1929» permet d’identifier les comportements boursiers les plus stupides et dangereux. Elle permet de mieux saisir quelles peuvent être les conséquences potentiellement dévastatrices d’une spéculation débridée de la part de nombreux «investisseurs». Ne serait-ce que pour cette raison, le livre vaut son pesant d’or.

Pour l’investisseur, il ne reste plus qu’à éviter la stupidité.