2022-02-11

Quand un titre qu’on a acheté s’apprécie, notre ego s’enorgueillit. Il prend tout le crédit du succès alors que, la plupart du temps, ce dernier relève surtout de la chance. Ce sentiment de confiance injustifié mène souvent à une prise de risque excessive chez l’investisseur et à un éventuel échec.

À l’opposé, lorsqu’un titre qu’on a acquis corrige fortement, notre ego le prend de manière tout aussi personnelle. On associe automatiquement la baisse du cours d’un titre à une « perte », qui est ensuite associée à un « échec ». L’investisseur qui se retrouve dans une telle situation aura tendance à lancer la serviette et à se dire que la Bourse n’est pas pour lui. S’il décide d’y rester, il pourrait devenir trop prudent.

Il est grand temps qu’on cesse d’associer le succès ou l’insuccès de ses investissements aux fluctuations à court terme de son portefeuille ou de quelques titres qui le composent.

Le phénomène me rappelle le tennis. Il y a de nombreuses années, j’ai décidé d’essayer de demeurer aussi flegmatique que possible pendant un match de tennis. J’entends rester impassible, tant lorsque ça va bien et que je viens de réussir un beau coup que lorsque ça va mal et que je viens de commettre une grossière bévue. Un match de tennis est long (surtout à mon âge!) et il importe selon moi de ménager ses énergies émotives en éliminant les réactions excessives. Quand j’étais jeune, mon idole était Bjorn Borg, qu’on appelait « Ice-Borg » tellement il restait impassible en toutes circonstances. En plus de conserver son énergie, rester calme en tout temps aide à rester lucide et à prendre de meilleures décisions lors des moments plus tendus d’un match.

Je me souviens d’ailleurs d’un match important que j’ai remporté lorsque j’étais jeune. J’étais tellement content d’avoir gagné que j’ai célébré bruyamment à l’issue du match. Conséquence? Je me suis retrouvé complètement à plat mentalement lors du match qui a suivi quelques heures plus tard, match que j’ai perdu sèchement.

La Bourse fluctue tous les jours. Parfois, elle fluctuera de manière brutale, à la hausse comme à la baisse. Imaginez l’investisseur qui s’emballe chaque fois que la Bourse grimpe de 1 % ou 2 % ou qui désespère chaque fois que le contraire survient. Le malheureux n’a pas fini de dépenser de l’énergie émotive! Est-il bien placé pour prendre des décisions objectives dans de telles conditions?

Les fluctuations sont encore pires pour les titres spécifiques de votre portefeuille. Prenez par exemple un titre aussi défensif et conservateur que la Banque Royale, la plus grande société du marché canadien : son titre a fluctué entre 105,10 $ et 149,60 $ au cours des 12 derniers mois!

Si l’on internalise toutes ces fluctuations et qu’on les ressent de manière personnelle, on ne finira jamais de traverser des montagnes russes émotives. Ce n’est pas parce qu’un de ses titres s’apprécie que l’on a raison et ce n’est pas parce qu’un autre perd de la valeur que l’on a tort.

D’une situation à l’autre, il faut tenter d’endiguer toute émotion et se concentrer sur son processus décisionnel. Revenir sur les raisons pour lesquelles on a acheté un titre : sont-elles toujours, moins ou encore davantage valables qu’au moment de son achat initial? Y a-t-il eu des développements récents qui pourraient justifier la hausse ou la baisse du titre?

Comme au tennis, il y a une autre très bonne raison de garder son calme en Bourse : cela permet d’analyser objectivement ses erreurs et d’apprendre de celles-ci. En dissociant son ego du rendement obtenu d’un titre, on se donne l’occasion d’apprendre et de prendre de meilleures décisions.