2022-11-11

Dans sa lettre annuelle aux actionnaires de 2008 de Berkshire Hathaway, Warren Buffett a écrit : « Nous ne voulons jamais devoir compter sur la gentillesse d’étrangers pour nous acquitter des obligations de demain ».

Voilà une devise que l’investisseur ou propriétaire d’entreprise devrait appliquer en tout temps selon moi. Elle prend toutefois encore plus d’importance pendant les périodes comme celle que nous traversons, où les taux d’intérêt augmentent et l’économie est sujette à un ralentissement économique.

En effet, je crois qu’un des objectifs de tout dirigeant devrait être d’offrir le plus d’options possible à l’entreprise qu’il dirige. Or, une des meilleures façons de le faire est de conserver un bilan financier sain.

Une forte santé financière permettra à une entreprise non seulement de traverser les inévitables périodes difficiles, mais éventuellement de profiter des difficultés rencontrées par ses concurrents.

Par exemple, en mai dernier, j’ai écrit un blogue intitulé « Changement de paradigme sur les marchés boursiers? ». Dans ce blogue, je comparais deux sociétés d’un même secteur, la vente de voitures usagées, CarMax et Carvana, et j’écrivais ceci : « Le titre de Carvana a chuté de près de 85 % depuis son sommet d’août 2021, alors que celui de CarMax a perdu environ 39 % depuis son sommet de novembre dernier. Avec cette chute de l’action de Carvana, il devient beaucoup plus difficile pour la société de financer ses activités (et ses pertes) à des conditions favorables, alors que CarMax n’a pas besoin de capital externe pour poursuivre sa croissance. »

Six mois plus tard, le titre de Carvana a perdu près de 98 % depuis son sommet d’août 2021. De fait, la valeur boursière de l’entreprise est passée d’environ 60 G$ US il y a un an à près de 1,3 G$ aujourd’hui. Au 30 septembre 2022, le bilan de Carvana affichait une dette nette avoisinant 7,1 G$, alors que ses flux de trésorerie libres se retrouvaient à – 1,04 G$ depuis le début de l’exercice. À mon avis, CarMax, dont nous possédons le titre dans certains portefeuilles gérés par COTE 100, est susceptible de tirer profit des soucis financiers de Carvana au cours des trimestres à venir.

En effet, depuis quelques mois, l’accès au capital est devenu beaucoup plus restreint pour les entreprises. L’engouement pour les émissions d’actions ou les nouveaux appels à l’épargne (IPO) démontré par les investisseurs l’an dernier a pratiquement disparu. De plus, l’émission de dette est toujours une option, mais les termes sont nettement moins avantageux pour les entreprises, particulièrement celles qui sont déjà passablement endettées et dont les activités sont déficitaires.

Personnellement, je préfère grandement détenir des sociétés peu endettées. Encore mieux, une entreprise possédera une encaisse substantielle. De telles entreprises pourraient bien profiter des conditions actuelles pour gagner des parts de marché face à leurs concurrents fragilisés. Elles pourraient aussi tirer profit de la situation pour faire des acquisitions à prix d’aubaine.

Yvon Deschamps a déjà dit « mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade ». C’est encore plus vrai pendant les périodes économiques difficiles.