2022-05-13

S’il y avait encore des doutes, ils ont été effacés au cours des derniers jours : nous sommes bien dans un marché baissier.

En date du 12 mai, l’indice américain Nasdaq avait perdu près de 30 % de sa valeur depuis son sommet de novembre dernier. Cet indice étant composé en bonne partie de sociétés technologiques, on peut s’imaginer le carnage qui a eu lieu dans ce segment du marché au cours des derniers mois.

Quant à l’indice S&P 500, il accusait une baisse d’un peu plus de 18 % depuis son sommet de janvier dernier.

Enfin, l’indice canadien S&P/TSX avait quant à lui perdu 11 % depuis son sommet récent de mars. L’indice canadien a un peu mieux fait par rapport aux indices américains en raison de la forte appréciation de son secteur de l’énergie (en hausse de 30,8 % en 2022 en date du 29 avril) et, dans une moindre mesure, de celui des métaux de base (13,9 %).

On sait qu’une baisse de plus de 10 % par rapport à un sommet récent est techniquement appelée une « correction », alors qu’une chute de 20 % ou plus est un « marché baissier ». L’indice Nasdaq est officiellement dans un marché baissier depuis quelques semaines et l’indice S&P 500 s’en approche dangereusement.

Comment expliquer une telle chute des marchés boursiers en si peu de temps?

Tout d’abord, il est à mon avis très difficile, sinon impossible, d’expliquer de tels mouvements boursiers avec certitude. Plusieurs pointeront vers la hausse des taux d’intérêt comme étant le principal coupable de la chute boursière; elle a fort probablement eu un impact important. Il reste qu’il y a tant de variables qui entrent en jeu, dont la psychologie humaine, qu’il est difficile d’identifier les causes des corrections boursières.

L’important est de se rappeler que de telles corrections boursières sont normales et récurrentes. L’investisseur qui investit en Bourse pour le long terme doit se préparer mentalement à de douloureux épisodes du genre car ils font partie intégrante de l’expérience de l’investisseur à long terme.

De 1928 à 2021, il y a eu 55 corrections boursières (une en moyenne à tous les 1,7 ans), 21 marchés baissiers (baisses de 20 % ou plus; une à chaque 4,5 ans), 13 baisses de 30 % ou plus (une à chaque 7,2 ans) et trois chutes de 50 % ou plus (une à chaque 31 ans). Or, cela n’a pas empêché le marché de procurer d’excellents rendements aux investisseurs à long terme : au cours de la période, le rendement annuel composé du S&P 500 a été de 9,98 %.

Si l’on doit trouver une raison derrière la correction récente du marché, je pointerais vers le haut niveau de spéculation qui a englobé les marchés depuis quelques années, particulièrement depuis la pandémie. « Day trading », investissement sur marge, cryptomonnaies, spéculation axée sur des entreprises non rentables sont autant de facteurs qui ont favorisé les marchés depuis deux ans et qui les font chuter depuis quelques mois.

À mon avis, celui qui a investi dans des entreprises solides financièrement, qui sont rentables et en bonne santé financière et dont le titre est raisonnablement évalué ne devrait pas s’inquiéter outre mesure de la baisse des marchés.

S’il est une chose, la correction aura sensiblement amélioré les perspectives de rendements des prochaines années. De plus, je crois que nous assistons à un assainissement des marchés boursiers et à une élimination des excès spéculatifs des dernières années. De tels ajustements sont récurrents et très sains pour les marchés – rappelez-vous ce qui s’est produit au début des années 2000 alors que la bulle techno a crevé : les valeurs fondamentales étaient revenues à l’ordre du jour.

On pourrait bien observer le même phénomène dans les mois à venir.

Entre-temps, patience et longueur de temps…