2022-03-25

On associe généralement les occasions aux corrections de marché ou aux chutes brutales de titres spécifiques. Toutefois, certaines occasions se présentent parfois de manière plus furtive, à la faveur d’une amélioration graduelle des bénéfices par action d’une société.

Il faut dire que la pandémie de COVID-19 a probablement embrouillé quelque peu la performance financière de nombreuses sociétés au cours des deux dernières années. En effet, elle a eu un impact majeur sur la performance financière de la plupart des entreprises. Dans la majorité des cas, les résultats des sociétés ont souffert des conséquences de la pandémie en 2020; dans d’autres cas moins nombreux, certaines entreprises ont bénéficié des mesures de confinement.

C’est pourquoi j’estime qu’il est préférable de comparer les résultats publiés par une société en 2021 à ceux de 2019, l’année avant la pandémie. À mon avis, un tel exercice peut permettre aux investisseurs d’identifier certaines anomalies, ou du moins des situations qui méritent d’être creusées davantage.

Je vous donne l’exemple de trois titres pour illustrer mon propos. Ces sociétés sont des titres que nous détenons dans nos portefeuilles sous gestion depuis plusieurs années.

Un fournisseur de services en technologie

 

En décembre 2019, le titre de cette société, qui offre des services en technologie, valait près de 108 $, un peu plus que sa valeur actuelle d’environ 102,50 $. Or, en 2019 (exercice prenant fin en septembre), les revenus de la société se sont élevés à un peu moins de 12,1 G$. Au cours des 12 derniers mois qui ont pris fin le 31 décembre 2021, ils se sont chiffrés à 12,2 G$, soit 0,7 % de plus qu’en 2019. Plus significatif, les bénéfices par action ont atteint 4,71 $ en 2019; ils sont présentement 18,7 % plus élevés, à 5,59 $ l’action. De plus, au cours de la même période, le ratio dette nette-BAIIA est passé de 0,95 à la fin de 2019 à 0,77 aujourd’hui.

Actuellement, l’investisseur paye donc un ratio de 18,3 fois les bénéfices par rapport à 22,9 à la fin de 2019, et ce, pour une société qui est en bien meilleure santé financière.

Un fournisseur de services et de logiciels destinés à l’industrie financière

 

Cette société américaine offre une vaste gamme de services et de solutions technologiques qui permettent aux sociétés financières de mieux gérer et administrer leur actif sous gestion.

Au début de décembre 2019, avant qu’on commence à parler de la COVID-19, le titre de la société valait environ 64,50 $ US (tous les chiffres de la société sont libellés en dollars américains); aujourd’hui, il s’échange à près de 61,50 $.

La société a parcouru beaucoup de chemin au cours des deux derniers exercices. En 2021, ses revenus se sont élevés à près de 1,92 G$ comparativement à 1,65 G$ en 2019, une augmentation de 16,3 %. Pendant la même période, ses bénéfices nets sont passés de 3,26 $ à 3,83 $, une hausse de 17,5 %. Le titre s’échange donc à environ 16,1 fois ses bénéfices courants par rapport à 19,8 à la fin de 2019. Si je tiens compte de l’encaisse nette de la société qui atteint présentement 914,8 M$ (6,61 $ l’action) par rapport à 958,4 M$ (6,40 $ l’action) à la fin de 2019, le ratio cours-bénéfices ajusté est de 14,3 comparativement à 17,8 fin 2019.

 Une société du secteur de la restauration

 

Cette société regroupe de nombreuses chaînes de restaurants franchisés en Amérique du Nord.

Au cours de son exercice 2019 (qui a pris fin en novembre), soit avant que la pandémie ne survienne, la société a enregistré des revenus de près de 551 M$, alors que ses bénéfices par action ajustés se sont élevés à 3,22 $. Peut-être plus important, en raison de quelques acquisitions importantes, son bilan affichait alors une dette nette de 489,9 M$, ce qui se traduisait par un ratio dette nette-BAIIA de 3,23.

Or, en 2021, les revenus de l’entreprise se sont élevés à 551,9 M$, essentiellement le même niveau qu’en 2019, mais ses bénéfices par action ajustés se sont élevés à 3,59 $, 11,5 % de plus que les 3,22 $ de 2019. Plus significatif cependant est le fait qu’au cours de la période, la dette nette de la société a été réduite à 299,5 M$, une baisse de 39 % sur deux ans, alors que le ratio dette nette-BAIIA a chuté considérablement, à 1,78. À mon avis, la société se retrouve aujourd’hui en position d’envisager à nouveau des acquisitions, source de sa croissance historique.

Pendant ce temps, le titre de la société a fait du surplace (après avoir chuté considérablement pendant les pires mois de la pandémie) : il valait environ 55,50 $ au début de décembre 2019, alors qu’il vaut aujourd’hui environ 55 $. Son ratio cours-bénéfices courants est ainsi passé de 17,2 fin 2019 à 15,3 présentement, alors que la santé financière de la société s’est considérablement améliorée.

Évidemment, dans chacun des cas, l’investisseur devra se demander si des perspectives de croissance moindres justifient des ratios d’évaluation moins élevés qu’en 2019.

Parfois, on désespère de voir un titre faire du surplace pendant quelques années. L’exemple de ces trois titres démontre selon moi qu’un investisseur devrait se concentrer sur la performance financière de ses entreprises plutôt que sur le cours de leur titre. Il y a probablement de nombreux autres exemples du genre sur les marchés pour ceux qui veulent bien prendre le temps d’analyser les résultats des sociétés.