L’inflation est un mal insidieux. Avec les années, tout coûte plus cher : se loger, s’habiller, se nourrir, se déplacer ou se divertir. Les taux élevés d’inflation des dernières années ont, il me semble, aggravé cette plaie qui ne guérira jamais.
Une grande partie de la frustration liée à la hausse des prix provient de nos souvenirs des beaux jours où le coût de la vie nous semblait raisonnable. On se rappelle le paquet de bacon à 0,99 $, le carton de lait à 2 $ ou la canette de sirop d’érable à 5 $.
Ces souvenirs de prix idylliques ont un impact sur le consommateur similaire à celui du biais psychologique de l’ancrage chez l’investisseur. On se souvient d’avoir eu l’occasion d’acheter un titre à 10 $ il y a quelques années alors qu’il vaut 100 $ aujourd’hui. Cela engendre frustration, déception et surtout, une incapacité à se convaincre que ce nouveau prix de 100 $ pourrait être une aubaine.
L’auteur du livre “Factfulness”, Hans Rosling, a écrit que pour contrer les nombreux biais qui affectent nos raisonnements, nous devrions, entre autres, ne jamais considérer un chiffre en absolu (16 800 $ pour l’épicerie ou 100 $ pour un titre), mais plutôt le considérer en termes de ratio ou de taux – en le divisant par un autre chiffre.
Par exemple, le cours d’un titre devrait être divisé par les bénéfices par action de la société. Ce ratio cours-bénéfices nous en apprendra beaucoup plus que le seul cours de 100 $, qui ne veut rien dire par lui-même.
Il en va de même pour le coût de l’épicerie : le chiffre de 16 800 $ n’a pas de sens tout seul. Il doit être considéré en relation avec d’autres chiffres pour avoir une signification, par exemple notre revenu familial ou nos dépenses familiales totales.
J’ai toujours cru que le principal objectif d’un investisseur devait être de surpasser le taux d’inflation à long terme. En effet, si l’on ne réussit pas à battre l’inflation, notre pouvoir d’achat diminuera inexorablement avec les années. Dans une telle situation, nous serions aussi bien de dépenser notre argent plutôt que de l’investir !
Or, à mon avis, les actions en Bourse représentent l’une des meilleures options pour surpasser l’inflation à long terme. C’est encore plus vrai lorsqu’on choisit d’investir dans des entreprises qui ont la capacité d’augmenter leurs prix, sans que la demande pour leurs produits en soit trop affectée.
Deux exemples. Le premier est Visa. Dans une période d’augmentation des prix, la société est favorisée car la valeur des transactions qu’elle traite augmente. Comme les revenus de la société sont calculés en pourcentage de la valeur des transactions qu’elle traite, ses revenus augmentent lorsque les prix montent.
Le deuxième exemple est Metro, la chaîne d’épiceries. En période d’inflation, Metro (et ses concurrents) augmente le prix de ses produits, ce qui accroît ses revenus et ses bénéfices. Ce genre de sociétés permet de se prémunir en grande partie contre l’inflation, ce qui aide les investisseurs à mieux digérer les prix de plus en plus élevés en épicerie et ailleurs.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100
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P.S. : COTE 100 possède des actions de Visa et Metro dans ses portefeuilles gérés.