2024-03-22

Le pessimisme et le fatalisme ne font pas de bons investisseurs boursiers à long terme. J’ai toujours cru que pour rester présent en Bourse en toutes circonstances, il fallait être un optimiste endurci. Seul l’optimiste saura traverser les crises telles que celle de 2008-2009 ou la pandémie au début de 2020. Mais en fait, il faut un optimiste réaliste.

Pour ce faire, il faut se méfier des manchettes et des réseaux sociaux qui nous servent des nouvelles sensationnelles, sinon fausses. Il faut plutôt se fier aux données. En ce sens, j’ai particulièrement apprécié le livre Factfulness, de Hans Roslin, qui démontre clairement tout le progrès que nous avons fait au cours des dernières décennies sur les plans social, économique ou environnemental.

Or, j’ai eu la chance de tomber récemment sur le livre Not the End of the World, de Hannah Ritchie, auquel j’ai attribué une note de cinq étoiles (★★★★★). Disciple de Roslin, Ritchie a écrit un livre fondé sur les données, les faits, pour nous donner une meilleure lecture de la situation et de l’évolution de la santé de notre planète. Ritchie est une scientifique des données (« data scientist ») et chercheuse principale à l’Université d’Oxford ainsi que rédactrice adjointe à la publication en ligne Our World in Data.

Dans son livre, Ritchie aborde sept grandes sphères de l’environnement : la pollution de l’air, les changements climatiques, la déforestation, l’alimentation, la perte de biodiversité, les plastiques dans les océans et la surpêche. Elle entend ainsi nous démontrer, pour chaque sphère, comment nous sommes arrivés là où nous en sommes aujourd’hui et quels sont les meilleurs outils pour solutionner chaque problème.

J’aborde brièvement quatre de ces sujets :

La pollution de l’air

Selon Ritchie, « En fait, dans de nombreuses régions du monde, l’air que nous respirons est le plus pur qu’il ait été depuis des milliers d’années.» Pour continuer à améliorer la qualité de l’air que nous respirons, il faudra continuer à brûler de moins en moins d’énergies fossiles. Or, la technologie permettant de produire de l’électricité de sources éolienne et solaire est de plus en plus efficace et compétitive face aux sources fossiles. Les pays du monde moins développés pourront passer directement aux énergies de sources renouvelables. L’énergie nucléaire devra également prendre le relais des énergies fossiles. Le même constat s’applique aux voitures électriques qui sont de plus en plus compétitives face aux voitures à combustion.
 

Les changements climatiques

Toujours selon Ritchie, « Le temps de débattre si les changements climatiques sont réels ou non est révolu. Nous devons maintenant nous concentrer sur les solutions.» Le pic des émissions per capita est déjà derrière nous. Encore là, les technologies permettant de produire de l’électricité de sources éolienne et solaire, sans émissions de CO2, sont aujourd’hui moins coûteuses que celles qui utilisent les énergies fossiles. De plus, ces technologies continueront de s’améliorer au cours des prochaines années alors que ce ne sera probablement pas le cas des sources fossiles. Et ici encore, les autos électriques qui favorisent déjà une réduction des émissions de CO2 continueront de s’améliorer, tant en termes d’efficacité que de coûts. Par ailleurs, pour avoir un impact marqué sur le climat, l’auteure recommande de réduire (non pas d’éliminer) notre consommation de bœuf et de produits laitiers. Selon elle, ces technologies et certains changements dans nos habitudes devraient permettre à la planète d’atteindre le pic de ses émissions de CO2 au courant de la décennie 2020.
 

La déforestation

Malgré les manchettes inquiétantes concernant les forêts d’Amazonie, les taux de déforestation ont atteint leur sommet à la fin de années 1990 et continué de diminuer depuis. Cela dit, selon Ritchie, la surface terrestre de notre planète est (en date de 2018) à 38 % recouverte de forêts, alors que 46 % servent à l’agriculture et à l’élevage. Il y a 10 000 ans, soit à peu près au moment du début de l’agriculture, 57 % de la surface terrestre était composée de forêts et 42 % couverte d’herbes et de buissons. Même si les taux de déforestation demeurent trop élevés, particulièrement dans les pays tropicaux (où 95 % de la déforestation se produit), les taux globaux de déforestation ont diminué il y a quelques décennies. De meilleures méthodes d’agriculture dans les pays développés permettent d’utiliser moins de terres arables pour une production équivalente. L’utilisation de ces technologies dans les pays tropicaux contribuerait grandement à y réduire la déforestation. Une autre manière relativement facile de réduire la déforestation est de diminuer notre consommation de bœuf, son élevage nécessitant (avec l’agneau) la plus grande superficie de terres arables de toutes les viandes.
 

L’alimentation

Malheureusement, la faim et les famines existent toujours, mais selon Ritchie, elles sont causées par des problèmes politiques et sociaux.Les limites à l’alimentation de tout le monde sur la planète sont entièrement imposées par nous.» Les techniques modernes, dont l’utilisation de fertilisants synthétiques et d’espèces de cultures améliorées nous permettent de produire plus de nourriture que quelque huit milliards et plus d’humains requièrent pour vivre : « La terre produit plus de 3 milliards de tonnes de céréales chaque année. Moins de la moitié sert à alimenter les humains; 41 % servent à nourrir des animaux d’élevage et 11 % à des fins industrielles telles que les biocarburants. »


Comme l’écrit Hannah Richie, plusieurs des solutions à chacun de ces grands problèmes serviront à résoudre les autres problèmes. Par exemple, une production accrue d’électricité de sources vertes réduirait à la fois la pollution de l’air et les émissions de CO2. Un autre exemple : une diminution de notre consommation de bœuf réduirait à la fois les émissions de gaz à effet de serre et contribuerait à la reforestation.

Bien sûr, il y a loin de la coupe aux lèvres! Il reste encore beaucoup de travail à faire pour solutionner les divers défis environnementaux qui menacent notre planète. Mais ce livre nous redonne confiance en un futur durable. Grâce à ses efforts, notre génération pourrait très bien être celle qui règlera les problèmes environnementaux de notre planète de manière durable.

 

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Le blogue de Philippe Le Blanc est publié sur
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