J’ai écrit ceci dans mon livre Avantage Bourse : « Pour qu’un chiffre ait du sens, il faut le mettre dans son contexte, regarder son évolution dans le temps, le comparer et le diviser par un autre chiffre pour en faire un ratio ou un taux. Par exemple, le cours d’un titre prend son sens lorsqu’on le divise par les bénéfices par action d’une société ou par une autre donnée significative. »
Si je vous dis par exemple que la valeur de la fortune d’Elon Musk, fondateur de Tesla et propriétaire, entre autres, de X (Twitter) est estimée à quelque 210 G$ US (tous les chiffres de ce texte sont libellés en dollars américains), qu’est-ce qu’un tel chiffre signifie pour vous?
Avant de procéder, je préciserais que 210 G$ égalent 210 000 000 000 $. Ou 210 000 millions.
Essayons de diviser cette somme de 210 G$ par d’autres facteurs afin de la mettre en perspective. Per capita de la population américaine, la fortune de Musk équivaut à environ 620 $ (210 G$ / 340 M). Une autre façon de voir les choses : si vous accumuliez 100 000 $ par année, combien d’années vous faudrait-il pour obtenir la fortune d’Elon Musk?
2,1 millions d’années! (210 G$ / 100 000 $).
Encore : la fortune de Musk équivaut à près de 10 % de la taille de l’économie du Canada (2,1 billions $ ou 2,1 T$). Ou à près de 40 % de l’économie du Québec (environ 550 G$).
Le club sélect des sociétés billionaires
Au cours des dernières années, une poignée de sociétés américaines ont obtenu une capitalisation boursière de plus de 1 billion de dollars (1 T$). C’est le cas des sociétés américaines suivantes :
Microsoft : 3,1 T$
Apple : 2,9 T$
Google : 1,9 T$
NVDIA : 1,6 T$
Meta Platforms : 1,0 T$
Que signifie la capitalisation de 3,1 T$ de Microsoft?
D’abord, le nombre s’écrit tout du long comme suit : 3 100 000 000 000 $. Une appréciation de 10 % de cette capitalisation au cours de la prochaine année signifierait que sa valeur s’est accrue de 310 G$, soit plus du double de la valeur boursière actuelle de la Banque Royale (environ 140 G$).
Elle représente aussi près de 1,5 fois la valeur de l’économie canadienne, environ 10 % de celle de l’ensemble de l’économie américaine (26,5 T$) ou 15 % de la taille de l’économie de l’Union européenne (environ 19,5 T$).
On dit souvent que le marché boursier canadien est limité, qu’il est restreint par la valeur et le nombre de ses entreprises en Bourse. Cette valeur boursière est de près de 3,1 T$, soit l’équivalent de la valeur de Microsoft.
Quelle est la valeur de Microsoft par employé de la firme? Environ 14,1 M$ (3,1 T$ / 210 000 employés). Et quels sont ses bénéfices nets par employé? Environ 380 000 $ (83,5 G$ / 220 000).
Comment ces chiffres se comparent-ils à ceux, disons, de la Banque Royale, la plus grande société canadienne en termes de capitalisation boursière (140 G$)? Sa valeur par employé est de près de 1,5 M$ (140 G$ / 94 000 employés) et ses bénéfices nets par employé sont de quelque 117 000 $ (14,6 G$ / 94 000).
J’aime bien jouer de cette manière avec les chiffres. En divisant et en comparant des nombres qui sont, par eux-mêmes, abstraits et difficiles à cerner, on peut mieux les comprendre et les mettre en perspective.
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