2024-08-23

PAR JEAN-PHILIPPE LEGAULT, BLOGUEUR INVITÉ

L’an dernier, j’ai écrit que j’aimais les sociétés qui échouaient. Ces sociétés ne sont pas les seules que j’aime. J’aime aussi les sociétés qui font scandale! Pour moi, elles sont une source intarissable d’idées d’investissement.

La définition d’un scandale peut être assez large. De mon côté, je catégorise un scandale comme un événement qui provoque une forte opinion publique négative et qui est très médiatisé. Il fera généralement la une des journaux.

Lorsqu’une société fait scandale, son titre connaît souvent une chute importante en Bourse. Tout investisseur qui cherche à acquérir des titres sous-évalués se doit donc d’examiner et d’analyser de telles situations. Voici quatre scandales qui ont défrayé les manchettes dans le passé, mais qui n’ont pas eu d’effet à long terme sur les sociétés visées.

Chipotle est l’exemple classique d’un scandale temporaire. Entre 2015 et 2016, une série de cas d’E. coli a été rapportée par des clients fréquentant certains restaurants de Chipotle. Cette situation avait fait la une des journaux et les consommateurs avaient perdu confiance dans la chaîne. Ce type de scandale est généralement oublié quelques années plus tard. Un exemple similaire est celui de McDonald’s en 2014 qui avait été impliquée dans un scandale en Chine concernant des aliments périmés.

Un autre exemple que j’aime bien est celui d’Equifax, en 2017. La société avait alors annoncé que les informations personnelles de 147 millions de personnes avaient été compromises à la suite d’une cyberattaque. Cette fuite de données faisait la une des journaux et avait causé une perte palpable de confiance envers la société.

En 2016, Wells Fargo a été impliquée dans un scandale pour avoir ouvert des millions de comptes non autorisés et prélevé des frais sur ces comptes. Les objectifs trop élevés et le système de rémunération avaient entraîné de mauvais comportements chez des employés.

Qu’ont en commun ces quatre exemples? Quelques années plus tard, ces scandales ont en grande partie été oubliés des consommateurs et des investisseurs.

Attention! Tous les scandales ne se transforment pas en succès boursiers. Pensons par exemple au scandale lié à la crise des opioïdes aux États-Unis. Certaines sociétés, comme les distributeurs de médicaments Cencora et McKesson, s’en sont bien tirées alors que des sociétés comme Endo et Teva ont été passablement affectées. D’autres comme Mallinckrodt ont fait faillite.

Selon moi, un investisseur devrait se poser trois grandes questions lorsqu’il évalue une situation impliquant un scandale :

  1. Est-ce que les perspectives de croissance à long terme de la société ont été altérées?
  2. Est-ce que la santé financière risque d’être compromise?
  3. L’évaluation du titre escompte-t-elle largement les risques encourus?

Un type de scandale que je cherche à éviter est celui des scandales financiers et des fraudes corporatives. En particulier, je me tiens loin des sociétés qui sont accusées d’avoir falsifié leurs états financiers. Les cas d’Enron et de Tyco sont de bons exemples des dangers liés à de tels scandales. Des états financiers falsifiés empêchent de répondre aux questions citées plus haut.

Un investisseur ne devrait pas se précipiter sur toutes les situations de scandales. Il faut en effet se rappeler que de telles situations sont toujours plus faciles à analyser a posteriori. Prenons le cas du scandale impliquant Boeing et son appareil 737 Max. Même si quelques années se sont écoulées depuis l’origine de ce scandale, je ne crois pas que ses impacts sur la performance à long terme de la société ne soient encore clairs. La ligne peut être mince entre une situation temporaire qui sera oubliée dans quelques années et une situation qui met en péril l’avenir et la performance financière d’une entreprise.

Un investisseur devrait aussi étudier les scandales passés afin de comprendre et observer l’évolution de l’impact d’un scandale. Lorsqu’une situation similaire surviendra au sujet d’un autre titre, il sera mieux outillé pour prendre une décision d’investissement éclairée.

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Jean-Philippe Legault est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100.
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