La semaine dernière, je me suis attardé à celui intitulé « bubble.com » et j’ai tenté de tirer des parallèles entre la bulle technologique et le marché boursier d’aujourd’hui, qui me semble obnubilé par l’IA.
Cette semaine, je reviens sur deux mémos que j’ai choisis parmi les écrits d’Howard Marks. Les deux traitent de la philosophie d’investissement d’Oaktree Capital, la firme qu’il a fondée, et utilisent de nombreuses analogies sportives.
Dans le billet « How the Game Should Be Played », écrit en mai 1995, Marks explique pourquoi il a décidé de fonder Oaktree Financial. Essentiellement, il désirait gérer selon sa propre philosophie d’investissement. Pour lui et ses associés, celle-ci repose avant tout sur la préservation du capital. Ainsi, il écrit : « Alors que nous nous efforçons d’être quelque peu au-dessus de la moyenne chaque année, notre philosophie nous impose de mettre l’accent avant tout sur la préservation du capital de nos clients. »
Marks utilise l’analogie du joueur de golf Tom Kite, qui, à l’âge de 42 ans, avait gagné des bourses totalisant 7,2 M$ au cours de sa carrière de vingt ans, sans jamais avoir remporté un tournoi majeur (avant 1992). Il ramène cet exemple à sa manière d’investir : « C’est ainsi que nous croyons que cela doit être fait : en obtenant régulièrement des résultats positifs, sans toutefois rechercher des victoires spectaculaires destinées à faire la manchette. Ce qui compte à nos yeux, ce n’est pas de frapper des coups de circuit ou de remporter des tournois majeurs à un moment donné, mais plutôt de maintenir une excellente moyenne à long terme. »
Dans le deuxième billet, « What’s Your Game Plan, » écrit en septembre 2003, Marks utilise plusieurs analogies sportives, du tennis au baseball, en passant par le football, pour expliquer sa manière d’investir. En lisant cela, je réalise que je ne suis pas le seul à utiliser le sport (dans mon cas, c’est surtout le tennis) pour parler d’investissement !
La première citation fait référence au baseball et me semble particulièrement pertinente au lendemain de la défaite des Blue Jays en séries mondiales : « La clé du succès en investissement n’est pas de frapper des coups de circuit, mais d’éviter les retraits sur des prises et les doubles jeux qui mettent fin à la manche. » Cette façon de voir représente bien la manière dont nous investissons chez COTE 100.
Il estime également que c’est la raison pour laquelle la carrière de nombreux gestionnaires de portefeuille n’est pas aussi longue qu’elle devrait l’être : « Je ne pense pas que la carrière de nombreux gestionnaires de placements se termine parce qu’ils ne frappent pas assez de coups de circuit. Elle se termine plutôt parce qu’ils sont retirés sur des prises trop souvent — non pas parce qu’ils n’ont pas assez de gagnants, mais parce qu’ils ont trop de perdants. » Pour Marks, il faut avant tout éviter les investissements perdants.
J’apprécie particulièrement l’analogie faite par Marks avec le tennis : « Au tennis amateur, les points ne sont pas gagnés ; ils sont perdus. » C’est un concept que j’ai repris dans mon livre et auquel je crois beaucoup, tant pour le tennis que pour la Bourse : on connaît du succès dans les deux sphères en limitant les erreurs plutôt qu’en cherchant à exécuter des coups spectaculaires.
Marks présente également une analogie avec le football européen, ou soccer. Dans ce sport, contrairement au football américain, les mêmes joueurs doivent à la fois jouer de manière défensive et offensive. L’entraîneur a le choix de demander à ses joueurs de jouer de manière offensive, défensive ou d’équilibrer les deux. Pour lui, « la préférence d’Oaktree pour la défense est évidente. »
Il ajoute : « Les portefeuilles d’Oaktree sont conçus pour surperformer en période difficile, et c’est justement dans ces moments-là que nous estimons que la surperformance est essentielle. »
J’apprécie ces mémos de Marks, non seulement parce que j’aime beaucoup les analogies sportives, mais aussi parce que sa philosophie d’investissement ressemble étrangement à la mienne et à celle de COTE 100.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100
_______

