En effet, l’or est redevenu une classe d’actif très appréciée, particulièrement au cours des derniers mois. Son prix a d’ailleurs atteint un niveau record de plus de 4 000 $ US l’once. Voici la progression de son prix au cours des 50 dernières années (sur une base logarithmique) :
Je n’ai jamais été un expert en or et je dois avouer que je n’ai jamais vraiment compris pourquoi de nombreux investisseurs le considèrent comme une classe d’actif.
Or (!), un investisseur aurait-il eu raison de détenir de l’or au cours de ces 50 dernières années ? La réponse est un « oui, mais ». Celui qui aurait acheté de l’or en 1975 aurait payé environ 140 $ US l’once et son rendement annuel composé aurait été de 7 %. Si je dis « oui, mais », c’est que j’hésite toujours à faire de tels calculs lorsque le prix d’un actif a tant augmenté au cours des derniers mois. Si j’avais fait le même calcul il y a deux ans, le rendement annuel composé de l’or aurait été de 6 %.
Est-ce que ce sont de bons rendements ? Un rendement de 7 % (ou de 6 %) aurait largement surpassé l’inflation. Selon Bloomberg, le taux moyen d’inflation a été de 3,7 % de 1975 à aujourd’hui, avec des taux sensiblement plus élevés pendant les années 1970 et au début des années 1980. En ce sens, l’or a largement joué son rôle de gardien contre l’inflation.
Mais un investisseur aurait-il mieux fait d’investir en Bourse au cours de la même période ?
Celui qui aurait investi dans l’indice S&P 500 (en dollars américains) en 1975 aurait obtenu un rendement annuel composé de 12,5 %, incluant les dividendes (le même constat que ci-dessus s’applique – l’indice s’est fortement apprécié au cours des derniers mois).
Comme l’écrit Marks, « Comment attribuer une valeur à un actif qui ne générera jamais de liquidités ? » En effet, la valeur intrinsèque d’un actif financier, que ce soit un bloc d’appartements, une entreprise ou une obligation, dépend des flux de trésorerie que cet actif générera au cours de sa vie économique. La seule façon d’évaluer l’or (ou un tableau ou un objet de collection) est de tenter de déterminer ce qu’une autre personne sera prête à payer pour cet actif dans le futur.
Marks ajoute : « Si des actifs génèrent des flux de trésorerie, cela leur confère une valeur, et il est raisonnable de croire que leurs prix finiront par évoluer dans la direction de cette valeur. Ils n’y sont pas tenus dans un délai précis, mais cette attente constitue la base la plus solide qui soit pour investir. Tout le reste n’est que pure conjecture en comparaison — et cela vaut aussi pour l’or. »
Nous sommes dans une période de grande incertitude. Dans de telles conditions, je crois que de nombreux investisseurs se tournent vers l’or. De plus, la forte appréciation du métal jaune au cours des derniers mois agit comme un levier d’autorenforcement.
Voici ce que Marks a écrit à ce sujet en 2010 : « Puisque l’or agit comme un baromètre des attentes en matière d’inflation et des inquiétudes concernant les économies et les devises, sa popularité a augmenté à mesure que la confiance à l’égard de ces éléments a diminué. »
Est-ce le prix de l’or qui monte ou plutôt le dollar américain qui est faible ? « Ce qui semble être une hausse du prix de l’or peut plus facilement être perçu comme une diminution de la quantité d’or qu’un dollar permet d’acheter. Nous devrions donc peut-être réfléchir en termes de faiblesse du dollar plutôt que de force de l’or. »
Marks conclut son mémo comme suit : « Oui, l’or continuera probablement à servir de réserve de valeur plutôt qu’à cesser de le faire. Et oui, peut-être qu’il est justifié d’en détenir une position. Mais est-ce vraiment le bon prix pour commencer…? »
J’espère que cette série de blogues sur les mémos d’Howard Marks aura attisé votre intérêt pour ces derniers.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100
_______

