2025-01-17

La gestion d’une entreprise est une série ininterrompue de problèmes à régler et de feux à éteindre. C’est la même chose en matière d’investissement.

Je discutais il y a quelques jours avec un bon ami, propriétaire d’une entreprise familiale. Il m’a parlé des nombreux problèmes qui affectent son entreprise : une attaque récente de cybersécurité, la difficulté à trouver des employés qualifiés (il doit embaucher des travailleurs étrangers pour combler ses besoins), les exigences élevées de ses clients et la question de la relève. Après plusieurs minutes à l’écouter attentivement, je lui ai demandé : « Malgré tous ces problèmes, comment se porte ton entreprise ? Quels sont ses résultats financiers ? » Sa réponse : « Nous avons connu la meilleure année de notre histoire l’an dernier. »

Chez COTE 100, une entreprise en croissance depuis plusieurs années, nous faisons également face à notre lot de défis. À nos réunions hebdomadaires, nous examinons une série d’éléments à améliorer et de problèmes à résoudre dans la gestion de l’entreprise. Je vous avouerai cependant, ayant vécu les deux situations au cours de ma longue carrière, que même si cela pose de nombreux défis, il est beaucoup plus stimulant de gérer une entreprise en croissance que de s’occuper d’une entreprise en déclin.

Par ailleurs, il est selon moi beaucoup plus difficile d’être propriétaire d’une entreprise que d’en être un employé. Quand vous êtes propriétaire, tous les dossiers problématiques aboutissent sur votre bureau. Et les problèmes vous suivent à la maison le soir, les fins de semaine et même en vacances ! Pour la plupart des employés, les difficultés restent au bureau.

Un propriétaire d’entreprise doit avoir les nerfs solides. Il doit aussi savoir faire la part des choses : ce n’est pas parce qu’il existe une multitude de problèmes à régler que l’entreprise ne va pas bien ! Car, faut-il le dire, être propriétaire d’une entreprise comporte aussi son lot d’avantages non négligeables, en commençant par une plus grande flexibilité horaire et une plus grande indépendance. C’est sans compter les bénéfices financiers lorsque l’entreprise connaît du succès.

Je dis souvent que les corrections, les marchés baissiers et les périodes de forte incertitude sont le prix à payer par l’investisseur pour les rendements élevés à long terme qu’offre la Bourse. En ce sens, la situation d’un investisseur boursier s’apparente à celle du propriétaire d’une entreprise. Il aura sans cesse des cas problématiques à traiter dans son portefeuille : des sociétés qui tirent la patte ou qui connaissent des difficultés. Il devra continuellement se demander si ces problèmes sont temporaires ou permanents. Comme on le sait, le stress est élevé pour tout investisseur boursier et il est omniprésent.

Si l’on veut éviter les revers, ou du moins les minimiser, on ne vise pas à devenir propriétaire d’une entreprise – on recherche plutôt un travail honnête et confortable, sans trop de responsabilités. En investissement, c’est l’équivalent d’investir dans des obligations.

Être entrepreneur ou investisseur, c’est embrasser l’incertitude, relever des défis incessants et accepter que les résultats ne soient pas garantis. Pourtant, c’est aussi l’occasion de bâtir quelque chose de plus grand, de laisser une empreinte durable. Être propriétaire d’entreprise fait de moi un meilleur investisseur ; en même temps, être investisseur fait de moi un meilleur dirigeant d’entreprise.

Malgré tous les désagréments et le stress incessant, je ne changerais ma situation d’entrepreneur et d’investisseur boursier pour rien au monde.

 

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100

 

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