2024-12-15

Par Guy Le Blanc, fondateur de COTE 100

Je viens de perdre un ami, un mentor et un confident. En même temps, COTE 100, l’entreprise que j’ai fondée en 1988, a perdu un homme à qui elle doit énormément.

Claude Dalphond, diplômé des HEC, a fait une longue carrière à Montréal dans le domaine de la finance, notamment à la direction du régime de retraite de la STM (Société des transports de Montréal) pendant une trentaine d’années. Il s’est éteint le 5 décembre 2024 après une courte maladie. Après sa retraite, au début des années 2000, il a siégé sur plus de dix conseils d’administration, tant son expertise et son intelligence étaient reconnues.

J’ai rencontré Claude Dalphond pour la première fois en 1990, lorsque je me suis rendu à ses bureaux pour lui expliquer mon système COTE 100. Quelle ne fut pas ma surprise à la fin de la présentation lorsqu’il me dit tout de go que le régime de retraite était prêt à me confier deux millions de dollars pour que je gère un fonds spécialisé en petites capitalisations québécoises. Lorsque ce fonds fut dissous en 2007, il valait plus de 75 M$.

Il fallait être tout un « contrarian » pour confier un tel montant à l’époque à un gestionnaire qui débutait. À ce moment-là, Claude a été le premier gestionnaire québécois à nous confier un tel mandat, alors que COTE 100 se limitait à une lettre financière et à quelques mandats de consultation pour les titres québécois. Je lui en ai toujours été reconnaissant, car si COTE 100 gère maintenant près de 3,5 milliards de dollars, c’est en bonne partie grâce à sa marque de confiance initiale.

Mais outre notre relation d’affaires, Claude est devenu un ami de la famille, présent à tous les événements importants. Il a aussi conseillé mon fils Philippe à maintes reprises au cours des nombreuses dernières années. Lorsque nous avions un questionnement important, nous nous tournions tout naturellement vers lui, et il a toujours été extrêmement généreux et pertinent dans ses conseils. Il avait offert à mon petit-fils, Christophe, la collection complète de La Comédie humaine de Balzac, sachant qu’il était un lecteur averti et passionné.

C’est d’ailleurs un côté de lui qui est resté méconnu, car sa générosité n’avait d’égale que sa discrétion.

Vers 2012, il m’avait mentionné qu’il serait intéressant de créer une bourse pour accompagner un étudiant à la maîtrise en finance aux HEC. C’est ainsi que nous avons conjointement créé la bourse Dalphond-Le Blanc. L’objectif de Claude était d’aider un étudiant méritant, mais aussi d’apporter une assistance à celui qui en avait besoin pour s’établir dans la communauté financière montréalaise. Ce fut mission accomplie, car neuf anciens boursiers sur dix évoluent aujourd’hui dans le milieu de la finance à Montréal.

Et c’est sans compter les nombreux dons qu’il a faits tout au long de sa vie, dont il m’en voudrait de mentionner s’il était toujours présent à nos côtés.

En plus d’être d’une grande générosité, j’admirais aussi les qualités de Claude en tant qu’investisseur à long terme. Son esprit « contrarian », sa grande patience et sa capacité à mettre de la pression sur certains dirigeants d’entreprises pour qu’ils traitent tous leurs actionnaires équitablement sont, pour moi, des modèles à suivre.

Mais Claude était plus que tout cela : il était un humaniste. Toujours à l’écoute de la personne qu’il rencontrait, toujours curieux de savoir d’où vous veniez, de connaître votre famille, vos amis, vos projets et vos aspirations.

Et si vous le rencontriez, il vous surprenait toujours par son étonnante mémoire. Il valait mieux ne pas le confronter ou le contredire sur ses sujets de prédilection, comme les arts, la musique, l’histoire et la politique. Il en a surpris plus d’un, au fil des ans, par ses connaissances encyclopédiques.

Adieu, mon frère, mon ami. Tu es parti trop vite, mais tu resteras toujours dans ma mémoire.

 

Photo : Guy Le Blanc et Claude Dalphond (à droite), remise de bourses des HEC, avril 2023.

cote100