2025-04-04

Je crois que l’on peut tirer des enseignements des crises que nous avons vécues et de la manière dont nous avons réagi. Nous pouvons ainsi nous dire qu’il ne faudrait pas répéter les erreurs commises dans le passé ou, au contraire, reproduire les comportements qui nous ont bien servis lors des crises précédentes.

À mon avis, la dernière véritable crise qu’ont connue les investisseurs boursiers est la pandémie de coronavirus, la COVID-19, qui a duré près de deux ans, mais qui a particulièrement frappé au début de 2020. Je me souviens d’ailleurs que la Bourse avait perdu près de 30 % de sa valeur en mars 2020, même s’il est vrai que le rebond a été rapide dans les mois qui ont suivi.

J’avais écrit un billet en mars 2020 intitulé « Que faire face à l’incertitude causée par le coronavirus ? » : « La première façon serait justement de ne pas réagir, tout simplement de ne rien faire. »

J’ajoutais ces mots : « Pour vous aider à « ne rien faire » avec vos placements, évitez de regarder les prix de vos stocks ou la valeur de votre portefeuille pendant quelques semaines. Vous y reviendrez lorsque la poussière sera retombée. »

La crise précédente, celle de la crise financière de 2008-2009, a été tout aussi effrayante que celle de la COVID. En décembre 2008, j’écrivais dans la Lettre financière COTE 100 un court texte intitulé « Un marché d’acheteurs » dans lequel je notais que « Personne ne sait quand les marchés auront terminé leur chute. Il faut cependant profiter des occasions et attendre leur rebond éventuel. Au risque de me répéter, notre stratégie est de privilégier les secteurs non-cycliques et surtout les sociétés en excellente santé financière. Les sociétés rentables et qui ont peu de dettes réussiront à traverser la crise. » J’ajouterais qu’un peu plus bas dans ce numéro, nous recommandions l’achat du titre de CGI, que, plus de 16 ans plus tard, nous détenons toujours dans nos portefeuilles sous gestion – le titre valait 9 $. Il vaut aujourd’hui plus de 145 $.

Quant à la situation des tarifs, elle est à la fois similaire et différente des crises passées. Elle est similaire parce qu’elle est remplie d’incertitude et qu’il est difficile de prévoir combien de temps elle durera et quelle sera l’ampleur des dégâts économiques qu’elle créera. Elle est différente car la crise des tarifs est en quelque sorte créée de toutes pièces par l’administration américaine, alors que les autres crises ont résulté de facteurs exogènes : naturels pour la COVID, et des excès du secteur immobilier pour la crise de 2008-2009. Même si la crise actuelle aurait aisément pu être évitée, elle n’en demeure pas moins réelle.

Quelles que soient les causes de la crise actuelle, je suis persuadé que ce qui nous a bien servis au cours des deux crises précédentes nous servira tout aussi bien dans celle que nous vivons présentement. Les prochains mois s’annoncent ardus et imprévisibles, mais ceux qui ont un portefeuille bien diversifié parmi des sociétés de qualité traverseront cette crise et en sortiront encore plus forts. La Bourse enrichit les investisseurs patients et rationnels aux dépens des investisseurs spéculatifs et irrationnels. N’allez pas grossir les rangs des investisseurs qui se massent vers les sorties ; ils le regretteront probablement dans quelques années.

 

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100

 

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