2021-11-26

Mon collègue, Jean-Philippe Legault, m’a fait part d’un tweet qui m’a forcé à réfléchir : « Décrivez votre stratégie d’investissement en deux mots ». Sauriez-vous répondre à la question?

Pour être en mesure de répondre, il faut avant tout être certain de bien connaître sa stratégie d’investissement. Réfléchissez aux achats de titres que vous avez effectués au cours des 12 derniers mois. Quelle est la stratégie commune à chacun de ces achats? Maintenant, analysez les titres qui font partie de votre portefeuille dans le moment – y a-t-il une stratégie sous-jacente à l’ensemble de vos titres?

Je soupçonne que la plupart d’entre vous aurez de la difficulté à identifier cette stratégie sous-jacente. Ayant analysé des dizaines de portefeuilles boursiers de particuliers au fil des ans, j’ai constaté que dans la majorité des cas, les investisseurs achètent des titres boursiers sans véritable stratégie sous-jacente. Toutes les raisons sont bonnes pour acheter un titre – on croit au potentiel de l’électrification des transports, notre beau-frère a fait beaucoup d’argent avec un titre et il nous recommande de l’acheter, un article favorable est paru concernant le titre dans le journal financier, on a entendu parler du titre sur les réseaux Reddit ou Twitter, la courbe et le volume du titre offrent un signal d’achat technique, etc.

Nombre d’investisseurs butinent d’une fleur à l’autre à la recherche de celle qui leur permettra de faire de l’argent rapidement. Peut-être connaîtront-ils du succès à court terme (permettez-moi d’en douter pour le long terme), mais ils se retrouveront inévitablement avec un portefeuille éparpillé à tout vent, sans stratégie sous-jacente.

Maintenant que vous avez eu quelques minutes pour y réfléchir, pourriez-vous définir votre stratégie d’investissement en deux mots? Pour rendre l’exercice plus facile, il est permis d’utiliser des termes anglais tels que « Deep Value », une stratégie d’investissement reconnue, mais qui est à mon avis largement délaissée depuis plusieurs années.

Ou seriez-vous plutôt du camp « Dividende croissant »? Croissance rapide? Perturbateurs de croissance (Growth Disrupters)? Barrières élevées? Situations spéciales? PAPE? Momentum favorable?

Bref, il y a presque autant de stratégies qu’il y a d’investisseurs. Ce qui importe est de savoir où vous vous situez. Si vous n’êtes pas en mesure de choisir une ou deux stratégies qui correspondent à tous les achats de titres que vous avez réalisés depuis un an, c’est que vous n’avez pas de véritable stratégie. Vous butinez toutes les fleurs du voisinage, sans faire de distinction entre les vastes possibilités qui s’offrent à vous.

En revanche, si vous avez réussi à identifier les deux mots qui définissent bien votre philosophie d’investissement, peut-être observerez-vous une évolution de cette stratégie au fil des dernières années. Peut-être êtes-vous graduellement passé de « Day-trading » à « Dividende croissant »? Ou vice-versa?

Je crois qu’un investisseur devrait rester fidèle à sa méthode d’investissement. La pire chose à faire est de changer de stratégie au gré du vent – mon père a appelé ces investisseurs des « girouettes » dans son livre La Bourse ou La Vie. Cela dit, l’évolution de sa philosophie au fil des années est normale, surtout si elle résulte de leçons apprises.

Je me suis livré à l’exercice d’examiner les achats de nouveaux titres que nous avons réalisés dans nos portefeuilles sous gestion privée au cours des deux dernières années (comme nous effectuons peu de transactions, 12 mois formaient un trop petit échantillon). Nous avons acquis quatre nouveaux titres depuis le début de 2020. Dans chaque cas, je constate que nous avions la conviction d’avoir acquis le titre d’une entreprise de grande qualité à un prix que nous jugions raisonnable. Lorsque j’examine l’ensemble des 30 titres de notre portefeuille de gestion privée, j’arrive au même constat.

Ainsi, ma définition en deux mots de notre philosophie d’investissement est « Qualité abordable ». Bien que nous ayons toujours favorisé les entreprises de qualité dans nos investissements, je constate que l’aspect de la qualité a pris une place de plus en plus importante au cours des dernières années.

Quelle est la vôtre?