2024-04-05

J’ai écrit un blogue intitulé « Un exemple concret de la futilité du market timing » en février 2019.

À l’époque, un investisseur que je connaissais bien avait pris la décision de vendre la totalité de ses titres boursiers à la fin de 2018. J’avais conclu mon blogue comme suit :

« Si, comme je l’estime, cet investisseur a perdu environ 12,5% de la valeur de son portefeuille, on peut dire qu’il a probablement perdu près de deux années de rendements en Bourse…

Comme l’a déjà dit Peter Lynch, le célèbre investisseur et auteur de One Up On Wall Street, “ Bien plus d’argent a été perdu par les investisseurs se préparant aux corrections, ou tentant de les anticiper, que dans les corrections elles-mêmes ”. Nous en avons un autre exemple éloquent. »

Je me permets de revenir sur ce thème car j’ai observé un incident similaire au cours des derniers mois. En effet, un investisseur possédant un important portefeuille (valant quelques millions de dollars) et client en gestion privée chez nous, a pris la décision de vendre la totalité de ses actions en novembre 2023. Il était persuadé qu’une forte correction boursière nous guettait.

Du 2 au 16 novembre 2023, il a vendu la totalité de ses titres boursiers.

J’estime que les gains réalisés lors de ces ventes ont coûté l’équivalent de 2 % de la valeur de son portefeuille en impôt.

Mais ce qui fait plus mal est que cet investisseur se soit retrouvé en situation d’encaisse alors que les marchés ont amorcé une forte remontée dans les jours qui ont suivi sa décision de vendre. J’estime que cet investisseur a perdu quelque 12,4 % de rendements boursiers entre le 16 novembre 2023 et le 1er avril 2024.

Au total, on parle donc d’une perte approchant les 15 % de la valeur du portefeuille. Dans le cas étudié, comme il s’agissait d’un portefeuille de plusieurs millions de dollars, la perte monétaire est substantielle.

Vous me direz que le moment choisi pour vendre a été particulièrement mauvais. Cet investisseur aurait très bien pu avoir raison en vendant juste avant une forte correction des marchés; dans un tel cas, il se frotterait les mains de satisfaction aujourd’hui.

Je crois néanmoins que c’est généralement une mauvaise idée de vendre tous ses titres lorsqu’on croit que les marchés sont sur le point de culbuter. Pourquoi?

Premièrement, parce qu’il a été démontré historiquement que les marchés boursiers s’apprécient avec les années, même si des corrections et des marchés baissiers sont courants.

Deuxièmement, je crois que l’investisseur qui prendra la décision de vendre le fera probablement lorsque les conditions lui semblent négatives et que le sentiment général est pessimiste. Reportez-vous à l’automne 2023 et vous constaterez que c’était le cas. Les taux d’intérêt étaient à leur sommet des nombreuses dernières années, une guerre venait d’être déclarée entre Israël et le Hamas et les manchettes des médias paraissaient particulièrement défaitistes. Or, c’est souvent lorsque le pessimisme est à son comble que les marchés boursiers sont moins chers.

Pour revenir à l’investisseur qui a vendu toutes ses actions en novembre dernier, je présume qu’il n’a toujours pas réinvesti son portefeuille dans le marché boursier. Il a probablement placé une grande partie du produit de la vente dans le marché monétaire, qui lui procure près de 5 % en intérêts, et une autre partie dans des obligations, lesquelles lui procurent peut-être un rendement d’un peu plus de 5 %. Dans les deux cas, le rendement après impôts sera près de la moitié de ces taux.

La question qu’il se posera est celle-ci : quand aurai-je la possibilité de revenir dans les marchés boursiers à bon prix? J’aurais bien du mal à répondre à cette question.

Celle que je lui poserais est celle-ci : lorsque les marchés corrigeront, aura-t-il le courage et la rapidité requises pour racheter? Je pose cette question en sachant très bien qu’une forte correction des marchés sera sûrement associée à de mauvaises nouvelles.

Pour moi, ce triste épisode confirme encore une fois qu’il est préférable d’investir en Bourse pour le long terme et d’y rester présent en tout temps.

 

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Le blogue de Philippe Le Blanc est publié sur
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