En quelques mots :
- L’assemblée annuelle de Berkshire demeure une source d’information et d’apprentissage exceptionnelle pour l’investisseur.
- Un vibrant hommage à Munger qui est décédé « à son apogée à 99 ans ».
- Le Canada n’est pas un pays étranger.
- « Les principaux investissements de Berkshire seront toujours aux États-Unis ».
Hommage à Munger
Par le biais d’une vidéo de près de 30 minutes rendant hommage à Charlie Munger, décédé en novembre dernier à l’âge de 99 ans, nous avons appris que MM. Munger et Buffett étaient non seulement de grands amis, mais des partenaires en affaires et des fervents de la vie. Bien que partageant la même philosophie, ils étaient largement complémentaires. Selon M. Buffett, « Charlie avait des intérêts beaucoup plus vastes que les miens ». Même s’ils n’étaient pas toujours en accord lors de la prise d’une décision, M. Buffett dit qu’ils ne sont jamais chicanés en plus de 50 ans à travailler ensemble. « Nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Encore plus lorsque certains de nos investissements ont échoué. C’était un grand plaisir d’essayer de trouver ensemble des solutions à nos problèmes. »
Comme Buffett, M. Munger a continué à lire et à apprendre tout au long de sa vie. Buffett : « Je n’ai jamais vu quelqu’un atteindre son apogée (cognitive) à 99 ans ». Selon les dires de Buffett, Charlie a rencontré les plus grands cerveaux des 2000 dernières années à travers les livres. « Pas besoin de prendre un repas avec eux. » Il ajoute : « On a continué d’apprendre ensemble. » Aux auditeurs de l’assemblée, il dit : « Rencontrez autant de grands personnages de l’histoire que possible. »
Sa perception des marchés boursiers
M. Buffett dit rarement ce qu’il pense des marchés boursiers de manière directe et précise. Il a plutôt tendance à faire des allusions et il faut savoir lire entre les lignes pour comprendre sa perception des marchés. Cette fois-ci, il m’a semblé évident que M. Buffett considère les marchés plutôt chers et qu’il n’y trouve pas grand-chose d’intéressant. Il semble aussi plutôt préoccupé par ce qui se passe dans le monde.
Il a notamment dit : « Avec tout ce qui se passe dans le monde, il me semble que l’encaisse est un bon investissement ». Il dit attendre la bonne occasion. Il a répété une analogie du frappeur au baseball : « Nous ne nous élançons seulement lorsque nous recevons un lancer que nous aimons. Les lancers que nous recevons ces temps-ci ne sont pas attrayants. »
Un des grands avantages de Berkshire est sa capacité d’être le prêteur ou l’investisseur de dernier ressort lors de crises financières ou économiques. On l’a vu pendant la crise financière de 2008-2009 alors que la société a investi des sommes substantielles dans plusieurs entreprises (Mars, Goldman Sachs, Bank of America, Dow Chemical). Dans des conditions de marché « normales », il devient de plus en plus difficile pour la société d’investir des sommes substantielles.
Investir à l’extérieur des États-Unis
Dans la foulée de l’investissement de quelque 6 G$ dans plusieurs sociétés japonaises à compter de 2020, on a demandé à M. Buffett s’il était probable que Berkshire investisse davantage à l’international dans le futur, en particulier en Chine et à Hong Kong.
Selon Buffett, « Les principaux investissements de Berkshire seront toujours aux États-Unis. » De plus, il souligne que Berkshire participe à la croissance des marchés internationaux par le biais d’investissements dans plusieurs sociétés américaines telles qu’American Express ou Coca-Cola. Il ajoute qu’il comprend très bien le marché américain, alors que ce n’est pas le cas pour les marchés internationaux. Ainsi, Berkshire continuera d’être « orientée vers les États-Unis. Ses plus gros investissements futurs seront probablement aux États-Unis et il est peu probable que Berkshire fasse des investissements majeurs à l’extérieur des États-Unis. » Il ajoute qu’il perçoit beaucoup moins de risque dans le marché américain que dans tout autre pays.
Le Canada n’est pas un pays étranger
J’ai été agréablement surpris que M. Buffett parle spécifiquement du Canada et de la possibilité d’y investir des sommes importantes. Il a notamment dit que Berkshire avait « la chance d’avoir de nombreuses activités, une présence significative, au Canada ». Il se dit d’ailleurs « très confortable avec l’environnement du Canada ». Même s’il n’y a pas beaucoup de grosses entreprises au Canada, il n’éprouverait « aucune hésitation à investir des sommes substantielles au Canada », laissant d’ailleurs entendre que Berkshire évaluait présentement la possibilité de faire un tel investissement dans le pays.
Pics et pelles
Selon M. Abel, la demande en électricité sera très forte dans les nombreuses prochaines années. En Iowa, où Berkshire Energy est très présente, cette demande devrait « doubler d’ici à 2035 ». Le développement de l’intelligence artificielle, des centres de données ainsi que le déploiement de véhicules électriques augmenteront sensiblement la demande en électricité, particulièrement celle provenant de sources renouvelables. Au Nevada, un autre État clé pour Berkshire Energy, la demande devrait « tripler d’ici la fin des années 2030 ».
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Le blogue de Philippe Le Blanc est publié sur