2025-03-14

Cette citation bien connue aux États-Unis provient de Joe Friday, le personnage principal de la série de télévision Dragnet (« All we want are the facts, ma’am »).

Dans un monde d’incertitude élevée, j’aime m’appuyer sur des fondations solides, des chiffres et des faits.

Après des années de rendements fastes en Bourse, on ressent depuis quelque temps un retour de l’incertitude et de l’anxiété. En effet, pour des raisons différentes, les agissements erratiques du président Trump nous plongent, selon moi, dans une période presque aussi anxiogène que celles de la COVID-19 en 2020 ou de la crise financière de 2008-2009. Depuis son sommet historique atteint le 19 février dernier, l’indice américain phare, le S&P 500, a perdu 10,2 % de sa valeur, entrant ainsi en correction technique. Quant à l’indice Nasdaq, principalement composé de sociétés technologiques, il a atteint son sommet historique le 16 décembre 2024 ; depuis cette date, il accuse une baisse de près de 14,4 %. Comme ces deux crises, la situation politique actuelle ébranle les fondements de l’économie et de l’ordre mondial.

À mon avis, tout comme durant ces périodes chargées d’émotions, la meilleure chose à faire pour l’investisseur est de ne rien faire et de laisser passer la tempête. À condition, bien sûr, que son portefeuille soit bien diversifié et composé de sociétés solides et raisonnablement évaluées.

Dans notre gestion, nous évaluons chacun des titres que nous possédons dans nos portefeuilles. Nous analysons chacune de nos sociétés en fonction de leurs résultats financiers et de leurs perspectives de croissance à long terme. Bien sûr, de telles évaluations ne sont jamais exactes – il est difficile, voire impossible, de prévoir la performance financière d’une entreprise. En revanche, nous tentons d’établir nos évaluations de manière objective et indépendante. De plus, nous conservons la même méthode d’évaluation depuis de nombreuses années. Enfin, il est probable que nous nous trompions sur l’évaluation de quelques titres du portefeuille (à la hausse comme à la baisse), mais, sur l’ensemble des sociétés que nous possédons, ces erreurs devraient en grande partie s’annuler.

Au 31 décembre 2024, nous estimions que le rendement potentiel sur 12 mois de notre portefeuille de gestion privée modèle n’était que de 5,5 %. Aujourd’hui, ce rendement potentiel s’élève à 12,4 %, en raison de la baisse des évaluations générales des marchés boursiers. C’est tout à fait logique : une baisse des marchés augmente les perspectives de rendements futurs.

Ces données ne signifient pas que les marchés boursiers ou notre portefeuille ne pourraient pas perdre davantage de valeur au cours des prochains mois – personne ne sait ce qui adviendra à court terme.

Je crois toutefois que de telles statistiques agissent comme une boussole pour l’investisseur pendant les périodes d’incertitude élevée comme celle que nous traversons.

Les statistiques sur les corrections et les marchés baissiers historiques offrent également une bouée aux investisseurs à long terme. Voici ce que j’ai écrit à ce sujet dans mon livre, Avantage Bourse :

L’investisseur averti sait que même si la Bourse a très bien performé historiquement, son parcours n’a pas été sans heurts fréquents. … De 1928 à 2021, il y a eu 55 corrections boursières (une en moyenne tous les 1,7 ans), 21 marchés baissiers (baisses de 20 % ou plus ; une tous les 4,5 ans), 13 baisses de 30 % ou plus (une tous les 7,2 ans) et trois chutes de 50 % ou plus (une tous les 31 ans).

Toutes ces corrections et marchés baissiers (techniquement, une correction est une baisse de plus de 10 % d’un indice par rapport à un sommet récent ; un marché baissier est une baisse de plus de 20 % par rapport à un sommet récent) n’ont pas empêché les marchés boursiers nord-américains de fournir des rendements annuels composés de près de 10 % depuis près d’un siècle.

Je disais plus haut que la meilleure chose à faire pour l’investisseur à long terme était de ne rien faire. À bien y réfléchir, ce n’est pas tout à fait vrai : j’aurais plutôt dû écrire ceci : la pire chose à faire serait de vendre une grande partie ou la totalité de ses titres boursiers. La meilleure chose à faire serait de ne rien faire et d’attendre d’éventuelles occasions qui pourraient se présenter.

 

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100

 

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