J’ai moi aussi été régulièrement coupable de garder nos titres perdants trop longtemps, d’être patient alors que j’aurais dû être plus intransigeant. Entre les deux maux, celui d’être trop patient ou celui de ne pas l’être assez, il vaut mieux être trop patient. Cependant, notre performance au fil des ans aurait sans doute été meilleure si nous avions été plus rapides à vendre nos titres de sociétés défaillantes.
Je me suis récemment livré à un exercice de réflexion concernant l’ensemble des titres que nous possédons en portefeuille. Y a-t-il des titres envers lesquels nous sommes trop patients, que nous devrions vendre? Et si oui, comment les identifier? Quelles sont les questions que nous devrions nous poser pour nous aider à les identifier? Voici ces questions :
1. Le scénario d’achat initial est-il compromis?
Pour chaque titre que nous achetons dans nos portefeuilles, nous établissons un scénario d’achat initial qui repose sur quelques lignes et qui identifie les principaux motifs de notre achat.
Voici un tel scénario pour un titre que nous avons acquis récemment :
(Septembre 2024 – 127,50 $) Secteur en croissance et peu cyclique (luxe abordable). Barrières à l’entrée élevées : expertise, marques, ententes à long terme, réseau de distribution mondial et exclusif. Bilan solide. Peu d’immobilisations. Les deux fondateurs détiennent 44 % des actions et sont toujours actifs. Il est difficile pour les marques de rapatrier les opérations en interne. Excellente feuille de route. Évaluation raisonnable à 22 fois les bénéfices prévus. Mérite une prime par rapport au marché.
Au fil du temps, ce scénario pourrait perdre de sa pertinence. Le fait d’avoir écrit ce scénario nous permettra d’y revenir régulièrement afin de nous assurer qu’il demeure valide. Il est également possible que nous réalisions avec le temps que nous nous sommes trompés dans notre scénario initial. Même si nous avons effectué un travail de recherche exhaustif pour analyser une entreprise, il arrive que l’on se trompe et que notre scénario ne tienne pas la route avec le temps.
2. Le risque a-t-il trop augmenté?
Bien des facteurs peuvent augmenter le risque d’un modèle d’affaires ou d’une entreprise. Celui qui est peut-être le plus évident est une acquisition majeure, qui peut entraîner un risque d’intégration important et un alourdissement significatif du bilan d’une entreprise. Il existe cependant d’autres risques, tels qu’un changement stratégique, le lancement d’un nouveau service ou produit, ou un changement de dirigeants, entre autres.
3. La société a-t-elle livré la « marchandise » financière depuis plusieurs années?
Si les revenus et les bénéfices par action n’ont pas connu de croissance, ou seulement une faible croissance, depuis au moins cinq ans, il est légitime de se poser des questions. Dans certains cas, une faible croissance peut être justifiée. Par exemple, la pandémie a pu avoir un impact significatif sur les résultats de la société; dans une telle situation, il peut être préférable de mesurer la croissance à partir de 2019, c’est-à-dire avant le début de la pandémie.
4. Le titre a-t-il connu une piètre performance boursière depuis au moins cinq ans?
À long terme, les marchés boursiers se trompent rarement dans l’évaluation d’une entreprise. Si le titre n’a pas enregistré de performances significatives depuis de nombreuses années, il est probable que vous commettiez une erreur dans l’évaluation de l’entreprise.
5. Trouve-t-on de meilleures alternatives pour remplacer un titre défaillant ?
Parfois, le titre que nous envisageons de vendre demeure attrayant à long terme. Cependant, il peut être judicieux de le vendre si l’on est convaincu d’avoir trouvé un autre titre beaucoup plus intéressant.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100
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